Lucie Martin, étudiante à Grenoble et candidate PCF aux élections européennes

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Lucie Martin, étudiante à Grenoble et candidate PCF aux élections européennes

Dans le cadre d’une série d’entretiens avec des étudiantes candidates aux élections au Parlement européen, nous avons rencontré Lucie Martin. Etudiante et syndicaliste à Sciences Po Grenoble, elle est également conseillère nationale de l’UEC. Elle portera les revendications des jeunes et étudiant·e·s sur la liste PCF conduite par Ian Brossat

Peux-tu te présenter ? Depuis quand es-tu engagée ? Comment en es-tu venue à devenir candidate, pour la liste PCF, aux élections au Parlement européen ?

Je m’appelle Lucie Martin et j’ai eu 19 ans en mars. Je suis donc la plus jeune candidate de ces élections européennes. Mon engagement a commencé sur les réseaux sociaux… Comme je suis assez curieuse, je me suis intéressée aux sujets politiques, puis je me suis petit à petit positionnée pour arriver jusqu’au PCF. Jusqu’à la première, j’étais plus une “militante 2.0” ou “militante twitter” qu’autre chose. Comme je vivais dans une ville rurale, je n’avais accès à aucune structure politique et mon lycée était assez réfractaire à accepter une vie politique et syndicale, au sein de l’établissement. Lors des élections présidentielles de 2017, j’ai rejoint le  MJCF (Mouvement des Jeunes Communistes de France). Ensuite tout s’est un peu enchaîné : l’année de terminale s’est passée, j’ai faits de plus en plus de déplacement sur Grenoble pour militer et dès l’obtention de mon bac, je suis allée m’installer dans cette grande ville. Dès la rentrée 2018, pour ma première année à Sciences Po, j’ai commencé à militer quotidiennement à l’UEC (Union des Étudiant-e-s Communistes). Pour quelqu’un qui a beaucoup de motivation et d’énergie, cela m’a paru normal ! Au dernier Congrès, je suis devenue Conseillère Nationale à l’UEC.

Lorsqu’on m’a proposé cette candidature, je n’ai pu qu’accepter. Cela allait dans la continuité de mon militantisme quotidien, et en plus, cela motiverait les troupes iséroises et les étudiant·e·s communistes.

Quelles revendications veux-tu mettre en avant durant la campagne ? Quelle programme porte le PCF pour les étudiant·e·s ?

Je veux en priorité porter les revendications des étudiantes et étudiants durant cette campagne. Influencée par les lobbies des grandes entreprises, l’Europe est aujourd’hui l’un des grands promoteurs du libéralisme. Elle est un frein au progrès social en enfermant les pays dans des politiques économiques d’austérité. Mon engagement au sein de la campagne au côté de Ian Brossat repose sur la volonté de transformer l’Europe en une organisation démocratique et de processus citoyen. Défendre la jeunesse au niveau européen, c’est refuser la continuité d’un système libéral inégalitaire, oppressif et agissant au détriment de l’environnement. Face à la mercantilisation de l’université et l’implémentation de la sélection, favoriser par les logiques européennes, le Parti Communiste Français défend une université gratuite et accessible à tou.te.s, à travers, par exemple, la création d’un revenu étudiant, finance par une branche de la sécurité sociale, ou d’un cadrage des études, permettant de lutter contre les disparités territoriales.

La vague de libération de la parole des femmes s’est pleinement exprimée sur les universités. Quelles luttes féministes portes-tu en tant que femme et étudiante ?

En tant que communiste, je suis profondément féministe. Il est urgent de mettre fin aux violences sexistes engendrées par le patriarcat et le capitalisme au sein de notre société, et notamment à l’université. En tant qu’étudiante et féministe, l’une de mes priorités est de mettre en place un cadre d’étude égalitaire qui permet à toutes et tous de réussir. Pour cela, nous nous battons pour la mise en place de structures et processus progressistes, sanctionnant les agresseurs et accompagnant les victimes au sein des universités. Il faut également de l’investissement, afin de construire des centres de santé proposant des services gynécologiques et de planification familiale ou encore des crèches accompagnant les mères étudiantes. De plus, l’égalité à l’université passera par la formation des associations et personnels. La mise en place d’un revenu étudiant est également essentiel, revalorisant la formation des futures travailleuses, notamment dans les filières composées à majorité de femmes. Je pense également qu’il faut mener un travail de fond afin d’abolir ces filières dites féminines.

Un mouvement se développe autour des grèves climatiques. Quelle action pour un changement climatique au Parlement Européen ?

Depuis quelques semaine, la jeunesse se bouge pour le climat. Cela me réjouit mais je ne veux pas laisser la place au capitalisme vert, à l’écologie individualiste qui culpabilise les consommateurs et consommatrices. La réponse face à la crise écologique se doit bien sûr d’être collective, car une réponse individualiste ne mènera nulle part, face aux grandes pollueuses que sont les entreprises. C’est pour cela que des actions au cadre européen sont indispensables pour lutter contre la crise écologique.

Pour mener la révolution écologique, nos élu-e-s se battront pour la mise en place d’une stratégie industrielle écologiquement durable et une politique de la rénovation énergétique, donnant réellement aux pays les moyens de mettre en place une transition énergétique. La transformation écologique implique également un réinvestissement dans l’enseignement supérieur et la recherche. Mais c’est aussi un combat se posant pour une université proposant un contenu de cours conscient des enjeux écologiques et formant des travailleuses et travailleurs qualifié-e-s.

L’abstention touche beaucoup les jeunes. Comment les convaincre d’aller voter en mai?

Nous avons déjà commencé à convaincre !  La campagne que nous menons est très enrichissante et permet de rencontrer tous les âges et tous les milieux. Les jeunes s’abstiennent de plus en plus lors des élections, c’est un fait. Mais il y a des raisons à cela. Premièrement, on éloigne de plus en plus les jeunes de la politique, considérant que c’est « une affaire de grands ». Or, on ne peut prendre des décisions à la place de la jeunesse. Dès que l’on s’active, les adultes, les vrai-e-s, essaient de nous “remettre à notre place”, toujours en décrédibilisant nos luttes : un-e lycéen-ne ou étudiant-e qui bloque son lycée ou sa fac, c’est qu’il ou elle veut sécher les cours. Pourtant, nous avons toute notre légitimité à forger et mener nos luttes, parce que nous connaissons nos conditions de vie, et que nous sommes à même de réfléchir sur ce qui serait le meilleur pour nous.

De plus, l’Union Européenne, ça paraît loin pour la jeunesse. Quand nous le voyons à l’école c’est de manière générale, floue, pas de manière concrète. Alors, il est normal que les jeunes n’aient pas prévu de voter à ces prochaines élections. Or, les politiques européennes libérales touchent directement l’un des principaux cadres de vie de la jeunesse : les lieux d’études supérieurs. La mercantilisation des études, la sélection de Parcoursup, la hausse des frais d’inscriptions sont l’une des conséquences directes d’un système européen favorisant les bénéfices en dépit du progrès social.

Voter le 26 mai pour la liste de Ian Brossat, c’est agir pour protéger son université mais également défendre ses droits.

Quelle stratégie pour la gauche au niveau européen ? Comment œuvrer à une conscience européenne des travailleurs et des travailleuses ?

L’alliance des élus communistes, progressistes, féministes, antiracistes et écologistes permettra de créer un contre-pouvoir au libéralisme. La gauche doit s’unir et se battre pour une Europe progressiste et pour l’harmonisation sociale par le haut répondant par des processus démocratiques aux besoins et priorités des travailleurs et travailleuses. Le renforcement de la solidarité européenne avec les organisations politiques et structures progressistes qui se battent contre l’exploitation et les oppressions systémiques permettra une révolution sociale et écologique.

Mais cela ne doit pas passer par une mise en retrait de nos revendications. Nous devons également rester fermes et ne jamais céder à celles et ceux qui défendent une Europe de l’argent, à celles et ceux qui préfèrent le capital au travail.


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