Lutte contre les violences sexistes, grande cause nationale pour petite ambition

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Lutte contre les violences sexistes, grande cause nationale pour petite ambition

Dans un long discours samedi soir qui a clôturé une journée de communication sur le sujet, le président de la République a détaillé un nouveau plan de lutte contre les violences sexistes.

Un plan com’ à pas cher sur le dos des victimes

Le discours est calibré et bien construit. Tous les artifices y passent. Une introduction en forme de récit autobiographique, décrit comment le candidat Macron a découvert sur le tard que la moitié de la population était composée de femmes et que ces dernières subissaient quotidiennement le sexisme. Sa découverte de Marlène Schiappa, actuelle secrétaire d’état auprès du premier ministre en charge de l’égalité entre les femmes et les hommes, est l’occasion de la faire applaudire.

Les applaudissements pour sa secrétaire d’état et le silence pour les victimes des violences sexistes. Ce seront les deux seules choses qu’il réussira à offrir en une heure de discours. L’austérité avant l’égalité, l’austérité avant la justice. Le passage du budget du secrétariat d’état en charge de l’égalité entre les femmes et les hommes passera de 29,81 millions à 30.

Cette absence d’engagement budgétaire, pourtant nécessaire pour mettre en place une véritable politique d’élimination des violences sexistes, est ce qui est resté de cette séquence. L’émotion, en voici, des grands mots, en voilà, de l’argent, certainement pas.

Un plan d’action, sans moyen et le choix d’un consensus réactionnaire

Son premier ministre et cinq de ses ministres à ses côtés, le Président de la République a détaillé un plan sur trois axes.

Le premier est celui de l’éducation, rejoignant sur ce point les revendications historiques de nombre d’associations féministes. Faire le choix de mettre l’accent dès le plus jeune âge sur la déconstruction des représentations sexistes est une des pistes régulièrement évoquées pour faire bouger les choses. Emmanuel Macron s’est cependant bien gardé de parler de “genre” et a tenu à réaffirmer l’altérité des sexes.

Tout au long de son discours il aura d’ailleur fait sentir qu’il ne se fermait pas aux discours réactionnaires. Il a ainsi curieusement mis en exergue les jeux-vidéos, la télé-réalité et les clips musicaux (de rap?) comme principaux vecteurs de sexisme avant de citer la publicité.  Les violences contre les femmes ont pourtant largement précédé la télévision et les jeux-vidéos.

La prise en charge des victimes est le deuxième axe de son plan. L’intention est louable, mais la réduction des effectifs de fonctionnaires et la réduction des budgets alloués aux associations jettent le doute sur la réalité. De même pour les espaces dédiés dans les hôpitaux. Les moyens humains nécessaires pour une prise en charge des victimes ne se remplaceront pas par une plateforme numérique.

Sur le volet judiciaire, la mise en place d’une présomption de non consentement en dessous de 15 ans est confirmée. La mise en place d’un délit d’outrage sexiste pour sanctionner le harcèlement de rue est également annoncée. Le délai de prescription pour les crimes sexuels sur mineur est porté à 30 ans.

Il aura bien pris soin de préciser à plusieurs reprises qu’il ne voulait pas d’une société de délation, énième clin d’oeil aux opinions réactionnaires, qu’il a résolument décidé de ne pas combattre.


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