Migrants en France : L’Etat honteux à Nîmes !

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Migrants en France : L’Etat honteux à Nîmes !

Le journal local Midi Libre révélait hier dans ses colonnes un événement s’étant déroulé à Nîmes (Gard) mercredi dernier. Quatre migrants dont deux Soudanais, un Afghan et un Tchadien, ont été expulsés du territoire français alors que le juge des libertés et des détentions du tribunal s’apprêtait à appliquer la loi en leur faveur.

Situation ubuesque sur drame humain

L’avion qui transportait ces quatre hommes a décollé à midi de l’aéroport de Nîmes-Garons. L’administration en charge de l’expulsion «a sciemment contourné la loi» selon les mots de l’avocate des migrants Maître Chabbert rapportés par Midi Libre. Il aura fallu quelques minutes pour que la vie des migrants soient changée par l’administration. Le juge rendra malgré tout sa décision à 12 heures et 37 minutes, en ordonnant la libération des migrants. Mais il était évidemment trop tard.

Cette situation ubuesque a choqué une bonne part des Nîmoises et les Nîmois qui l’ont apprise dans les médias. Les premiers mots qui viennent à la bouche des habitants de la ville sont ceux de «honte» ou d’«écoeurement», comme l’a exprimé sur Facebook le responsable communiste local Denis Lanoy. On s’interroge sur le rôle des divers acteurs de cette expulsion, notamment celui joué par la police aux frontières.

Les accords de Dublin contestés

Le renvoi des quatre migrants vers Venise a été effectué en vertu des accords de Dublin. Ces accords exigent que les migrant.e.s soient renvoyé.e.s dans le premier pays qui les a enregistré.e.s à leur entrée sur le continent. Dénoncés par nombre d’associations et de citoyen.ne.s, ces accords sont pour beaucoup le signe que l’Europe se veut comme une forteresse en dressant des murs en son coeur même. Cette politique incite les états à empêcher l’entrée des migrants sur le continent au prix d’accords indignes avec les pays de transit de ces femmes et hommes comme la Turquie et la Libye.

Il y a quelques mois, le 31 mars 2017, une manifestation de soutien aux réfugié.e.s en attente d’un statut de demandeur d’asile a eu lieu dans la cité des Antonin. Un cortège hétéroclite et pacifique avait descendu les boulevards de Nîmes depuis la maison carrée jusqu’à la préfecture du Gard. La foule comptait des profils divers allant des milieux chrétiens de cette ville historiquement protestante aux militant.e.s de l’extrême-gauche locale. Des syndicalistes étaient également présents dans la foule. Malgré ce mouvement large, la préfecture refusa de remettre en question sa méthode qui consiste à une application stricte des consignes du Ministère de l’Intérieur.

Une politique migratoire honteuse et incohérente

Alors que la politique migratoire de l’État est aujourd’hui critiquée, le gouvernement annonce par une des voix les plus à droite de son gouvernement, Gérard Collomb, sa volonté de durcir sa politique d’accueil. Mais pour cela encore faudrait-il qu’il y en ait une ! Une politique réfléchie sur le long terme est appelée par les acteurs associatifs. En effet aujourd’hui le gouvernement s’illustre par une réflexion sans perspective, utilisant une répression permanente indigne envers les migrant.e.s et ceux qui leur viennent en aide comme dans les Alpes-Maritimes où l’agriculteur Cédric Herrou a été condamné plusieurs fois pour venir en aide à des femmes et des hommes en détresse.

Maryline Baumard, journaliste au Monde, déclarait lors d’un échange avec des lectrices et des lecteurs qui l’interrogeait sur la possibilité d’un accueil plus ouvert des migrants que «cela existe dans certaines zones du monde» et que «le point intéressant à noter, c’est qu’une ouverture permet des retours vers le pays d’origine» car «elle fluidifie les passages et ne bloque pas dans les pays d’exil» les migrant.e.s. Manifestement il y a une absence grave de réflexion politique. Le gouvernement joue la carte de la vitesse et de la violence.

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La lourde responsabilité du gouvernement

À Nîmes comme en France, l’État cherche à cacher la réalité de sa politique. Il y a quelques semaines, l’émission Quotidien révélait que plusieurs policiers municipaux de Lyon, dont le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb a été maire ces 16 dernières années, demandait aux migrant.e.s vivant dans un campement précaire de se cacher lors du passage du convoi présidentiel d’Emmanuel Macron. Cet évènement est symptomatique d’une situation catastrophique où l’État est incapable de proposer une politique sérieuse et humaine.

Hier avait lieu la journée internationale des migrants. Elle a été l’occasion pour nombre de responsables gouvernementaux et politiques de s’exprimer sur le sujet. Mais peut-être que ce n’est pas dans ces discours que les pistes d’actions sont à trouver. A l’inverse, partout dans le pays fleurissent des initiatives solidaires envers les migrants, notamment dans les Alpes où une cordée rassemblement habitants et migrants a réuni 300 personnes. Des citoyen.ne.s s’investissent dans tout le pays pour proposer des alternatives aux politiques actuelles… L’avenir est là.


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