Nous, Daniel Blake

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Nous, Daniel Blake

C’est dans le froid de l’automne parisien que je suis allé voir « Moi, Daniel Blake » mais il existait quelque chose de plus froid que l’air dehors en marchant sur les quais menant au cinéma : le sentiment que laisse ce film.

Moi, Daniel Blake c’est l’histoire de ton voisin, de ton oncle, du vieux de ton quartier ou même de ton père. L’histoire tristement normale d’un mec normal, qui subit ce qui ne devrait pas être normal. Ce film c’est une baffe de réalité pour décrire les ravages du capitalisme. Ce film c’est celui que beaucoup de gens de notre génération qui ont grandi dans la crise doivent voir.

Un film à visée politique

Oui c’est un film à visée politique et c’est plutôt logique venant de Ken Loach, mais plus que jamais ancré dans la période il est le cri et le portevoix de ceux que l’on n’entend pas, que l’on ne voit plus, et qui disparaissent bien souvent dans l’indifférence. Il est le porte de voix de ces vieux que l’on pousse dehors du travail sans droits ni reconnaissance, il est le porte de voix de ces mères célibataires qui se tuent pour nourrir leurs enfants. Mais il est aussi l’accusateur. L’accusateur de ces financiers qui spéculent sur nos vies, de ces politiques qui n’agissent plus, de ces proxénètes qui se nourrissent des drames…

Mais surtout un film du quotidien

Au-delà d’interpeller et de mettre en lumière les dérives du chômage de masse organisé, du fléau du non-recours aux droits, des inégalités d’accès, et de l’extrême pauvreté, ce film est également une ressource et une motivation pour ceux qui comme nous ne souhaitent rien lâcher.

Ce film c’est une raison de plus de continuer à tenir des tables devant les pôles emploi

Ce film c’est une raison de plus de continuer à tenir des tables devant les pôles emploi, de tenir des permanences d’aide au remplissage de documents administratifs, de maintenir du lien entre tous dans les quartiers populaires et ailleurs. La situation de Daniel Blake est celle qui guette un bon nombre d’entre nous si nous laissons le capitalisme détruire tous les pans de notre vie, choisir qui doit se gaver et qui doit survivre. Face à cette machine infernale, qui avance en broyant, nous devons rester debout et les solidarités des plus concrètes aux plus larges doivent être au cœur de nos actions.

En conclusion, ce film aurait peut-être dû s’appeler : Nous, Daniel Blake.


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