Offensive du Maroc au Sahara Occidental : le peuple sahraoui contraint à la lutte armée

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Offensive du Maroc au Sahara Occidental : le peuple sahraoui contraint à la lutte armée

Le Maroc a rompu le cessez-le-feu avec le Front polisario vendredi 13 novembre, entraînant la reprise de la lutte armée du peuple sahraoui pour son droit à l’autodétermination.

Le Sahara, une terre colonisée par le Maroc

Le Sahara occidental est un territoire divisé entre une partie occupée par le Maroc (située à l’ouest du mur et représentant 75 % du territoire) et des territoires libérés gérés par le Front Polisario. Une part importante de la population sahraouie chassée lors de la guerre vit encore aujourd’hui dans des camps de réfugiés situés en Algérie.

Le Sahara occupé est directement soumis aux autorités marocaines, qui le considèrent comme ses « provinces du sud ». L’arrivée sur le trône de Mohammed VI marque un changement de position du Maroc dans sa gestion du Sahara. Face à la persistance de la volonté des Sahraouis et pour donner des gages à ses alliés, dont la France est le principal, le nouveau monarque présente un plan d’autonomie élargi tout en restant dans le cadre du royaume.

Cette position, qui continue aujourd’hui, constitue une violation du droit international, le roi Mohammed VI affirmant par exemple qu’aucun règlement du conflit du Sahara occidental n’est possible « en dehors de la souveraineté pleine et entière du Maroc sur son Sahara », rejetant par là même la tenue du référendum d’autodétermination.

Depuis 1963, le Sahara Occidental est officiellement inscrit sur la liste des territoires non-autonomes de l’Organisation des nations unies (ONU) et est donc considéré comme un territoire encore colonisé. La situation s’envenime en 1963 avec la découverte de gisements de phosphates, le Sahara Occidental devient alors un enjeu économique majeur. En 1964, une première résolution de l’ONU demande l’autodétermination du Sahara occidental par le biais d’un référendum. Après de nombreux soulèvements et des années de luttes entre le Maroc et la résistance du Front Polisario, un cessez-le-feu, signé en septembre 1991 sous l’égide de l’ONU prévoyait un référendum d’autodétermination dans les six mois, sans cesse repoussé par le régime Marocain. 

En Guerguerat, le Maroc responsable de la rupture du cessez-le-feu

Guerguerat est un territoire en zone occupée, frontalier du “mur de la honte” dressé en 1980 par le Maroc. Cette zone tampon est aujourd’hui sous contrôle des Nations Unies, et la présence dans cette zone de forces armées est en violation totale des accords entre le Maroc, le Front Polisario et l’ONU.

Vendredi 13 novembre 2020, le régime marocain a lancé une nouvelle offensive en Guerguerat, avec l’aval de la France. Cette opération militaire mobilise pour l’instant des centaines de forces de sécurité et gendarmes marocains, dans l’optique d’évacuer des civils sahraouis manifestant pacifiquement depuis quelques semaines pour l’organisation du référendum d’auto détermination. Cette offensive illégale, violant ainsi les résolutions de l’ONU et la loi internationale, a eu pour effet de briser le cessez-le-feu avec le Front Polisario, les poussant à reprendre les armes, après des années de tentative de lutte pacifique.

Les combats se poursuivent depuis vendredi entre le Front Polisario et les forces marocaines en Guerguerat. 

Lors du Forum international en Solidarité avec les Jeunes du Sahara Occidental de mars dernier, l’UJSARIO et le Front Polisario avaient déjà averti du danger du statut quo, permettant la continuité de l’occupation et l’exploitation toujours plus grande des ressources naturelles du Sahara Occidental. Ils avaient à nouveau lancé l’alerte en direction de la communauté internationale pour pousser à l’application des résolutions de l’ONU.

La solidarité avec le peuple sahraoui s’organise

La France, encore aujourd’hui principal soutien du régime Marocain et bénéficiant par ce biais de l’exploitation des ressources naturelles des territoires occupés, ne s’est pour l’instant pas exprimée publiquement sur cette offensive marocaine, malgré des interpellations d’élus.

Concernant les réactions de l’ONU, dont la zone de Guerguerat est sous contrôle, il n’y a pas eu pour l’instant d’intervention. Son secrétaire général se disant cependant « profondément préoccupé » des répercussions de cette crise sur « l’avenir du processus de paix au Sahara occidental ».

Des manifestations et actions de solidarité avec le peuple sahraoui ont depuis eu lieu et continuent d’être organisées, tels qu’à Bilbao ou au Vénézuela.

Le Front Polisario et l’UJSARIO, enfin, voyant l’immobilisme de la communauté internationale depuis de nombreuses années, l’invisibilisation de la situation du Sahara Occidental et des conditions de vie des camps de réfugiés, les exactions et crimes contre les droits humains perpétrés par les forces marocaines dans les territoires occupés et la continuité de l’occupation et de la colonisation, désirent que soient appliquées les résolutions de l’ONU et que soit organisé dès maintenant le référendum d’autodétermination décidé il y a 25 ans. Après des années de frustration et devant l’échec de la lutte pacifique, ces femmes et hommes sahraouis, jeunes pour beaucoup, sont aujourd’hui plus que jamais déterminés à lutter jusqu’à l’indépendance, quitte à y laisser leur vie.   


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