Orientation à l’université : l’impact du genre

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Orientation à l’université : l’impact du genre

La démocratisation de l’université, si elle n’a pas été uniforme dans toutes les classes sociales, a facilité l’accès des femmes à l’université. Elles représentent aujourd’hui 55 % de la population étudiante. Néanmoins, des inégalités subsistent, dans la continuité de l’orientation genrée du lycée et comme reflet de la division genrée du travail. Le parcours des hommes et des femmes à l’université est souvent très segmenté, l’orientation genrée les poussant vers des filières et des types d’études différents. 

Des stéréotypes de genre à l’orientation genrée

En comparaison avec les classes préparatoires et les grandes écoles, l’université n’est pas le lieu où la ségrégation genrée est la plus élevée. Les femmes sont souvent sous-représentées dans ces formations, souvent plus compétitives, voire nécessitant un concours. Lorsqu’elles y parviennent, c’est au prix d’une sélection scolaire et sociale supérieure. Elles privilégient donc plutôt l’université ou les filières dont l’entrée est moins sélective.

D’une part, les formations considérées comme plus masculines, comme les sciences techniques notamment, accueillent 62,5 % d’hommes. Au sein des sciences, c’est vers la biologie que les femmes se tournent le plus, contrairement à la physique, les mathématiques ou encore la chimie. À l’inverse, les femmes sont majoritaires dans les filières des sciences humaines, de lettres et de langues où elles représentent presque 70 % des inscrits. 

Ces choix d’études s’inscrivent dans un contexte de stéréotypes de genre sur les capacités respectives des hommes et des femmes, ainsi que de leurs intérêts. Les nombreuses réformes des dispositifs d’orientation, cachant des dispositifs de sélection, n’ont pu réguler l’orientation genrée dans l’enseignement supérieur. Les rôles sociaux assignés aux femmes et aux hommes, l’éducation familiale et scolaire ont la vie dure et les inégalités demeurent dans l’orientation des étudiants. Reflet du monde du travail, les filières à prédominance féminine sont moins valorisées socialement et aboutissent souvent à des emplois moins rémunérés. 

La spécialisation tout au long des études : l’autocensure

Si les femmes sont majoritaires dans l’enseignement supérieur, leur présence varie entre les trois cycles universitaires (licence, master, doctorat). Elles représentent 58 % des inscrits en licence et 61 % en master, pour retomber à 49 % en doctorat. Malgré de meilleurs résultats, quelle que soit leur origine sociale, les femmes sont plus confrontées à l’autocensure, notamment dans leur spécialisation en master. La socialisation genrée, la représentation qu’offre le monde du travail, poussent les étudiantes vers des filières moins sélectives et offrant des débouchés moins valorisés socialement. Les études universitaires des femmes leur permettent plutôt d’accéder à des métiers du secteur public, associatif ou social, dans lesquels les conditions d’emploi et de rémunération sont dégradées. Cette autocensure des étudiantes se retrouve d’autant plus auprès de celles issues de classe populaire pour qui le doute tient également à un système universitaire excluant.

La structure de l’orientation universitaire est à la fois le produit d’une division genrée de la société, et participe à sa reproduction. 


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