Élection présidentielle – Déclaration de Camille Lainé

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Élection présidentielle – Déclaration de Camille Lainé

Plus que jamais se donner les moyens de lutter !

Déclaration de Camille Lainé, secrétaire générale du MJCF.

Quelques jours après les résultats du premier tour de l’élection présidentielle, alors que les débats autour du deuxième tour sont passionnés, il est temps d’en tirer plusieurs enseignements rapides avant que vienne le temps de l’analyse plus profonde, qui lui arrivera plus tard.

Le scénario, pensé, voulu, et orchestré avec toute l’énergie dont disposaient les puissants a finalement eu lieu. La Vème République nous piège de nouveau dans un choix qui ne laisse pas la place aux intérêts populaires et qui écarte la perspective que nos aspirations de progrès puissent être incarnées par un candidat.

Le score, historiquement haut de Jean-Luc Mélenchon, en particulier chez les jeunes où il est en tête, reflète une vraie continuité dans notre génération. De la lutte contre la déchéance de nationalité, à la Loi Travail, de notre reprise de la rue il y a un an jusqu’à dimanche dernier, notre volonté de ne pas se laisser enfermer par les puissants dans un destin de « génération sacrifiée » est plus vivant que jamais. Nous le devons à la belle campagne de Mélenchon et à notre mobilisation de terrain qui a su prouver que d’autres chemins étaient possibles.

De la lutte contre la déchéance de nationalité, à la Loi Travail, de notre reprise de la rue il y a un an jusqu’à dimanche dernier, notre volonté de ne pas se laisser enfermer par les puissants dans un destin de « génération sacrifiée » est plus vivant que jamais.

L’extrême droite française, représentée par Marine Le Pen et le Front National, réalise un score historiquement haut, lui permettant, pour la deuxième fois en 15 ans d’accéder au second tour de la présidentielle. C’est un drame, qui a les causes que nous connaissons et que nous continuerons à pointer, mais qui ne doit pas être banalisé.

Nous sommes donc au pied du mur. Contraints dans le cadre de cette immonde Vème République à devoir faire un choix. Je le ferai sans hésiter le 7 mai car il est impossible pour moi de concevoir ne serait-ce qu’un instant de laisser les clefs de la république, (même affaiblie, même inégalitaire, même injuste), aux fascistes d’autant plus sous état d’urgence.

Il est impossible pour moi de concevoir ne serait-ce qu’un instant de laisser les clefs de la république, (même affaiblie, même inégalitaire, même injuste), aux fascistes d’autant plus sous état d’urgence.

Je sais que beaucoup hésitent, se posent des questions, n’arrivent pas à concevoir de voter pour le candidat qui incarne les pires aspects du libéralisme. Je les comprends et ne les juge pas, je n’ai pas l’intention de faire des leçons de morale qui créent de la division, ce n’est pas comme ça que les débats avancent.  Mais je pense qu’il est important de remettre des choses en perspective. Si les politiques menées par la droite, puis par François Hollande et son candidat, alors ministre, Emmanuel Macron, créent les conditions d’une montée en puissance du FN, nous ne pouvons pas nous contenter de mettre au même plan Macron et Le Pen. Et soyons clairs, il n’y a pas un choix entre d’un côté le capitalisme et de l’autre le fascisme. Nous avons bien là affaire au capitalisme dans les deux cas, sauf que dans l’un il s’accompagne du Fascisme.

De plus, dire que c’est déjà réglé et que Marine Le Pen ne passera pas est faux. Les sondages de report de voix le montrent et l’électorat d’Emmanuel Macron est très volatile, plus de 40% a voté pour lui par défaut et non pas par adhésion. On ne peut pas calquer 2017 sur 2002 et le danger est bien réel.

Bien que certes dévastatrices, la Loi Macron ce n’est pas l’OAS et la Loi Travail ce n’est pas la préférence nationale ni la fin de l’accès à l’école publique gratuite pour les enfants d’étrangers, il nous faut réagir froidement.

Nous vivons une séquence historique de la Lutte des classes ou notre camp est mis à mal. Dimanche nous avons touché du doigt l’espoir de bouleverser le scénario et d’ouvrir une brèche immense vers la transformation sociale du pays.  Dès le soir même, aujourd’hui partout en France et le 1er mai notamment, nous serons dans la rue pour refuser l’extrême droite et les politiques de casse de nos droits et de nos vies qu’incarne Macron. Le vrai ni-ni c’est de porter nos propositions, d’organiser dans un front le plus large possible le rapport de force pour renverser le capitalisme et battre en brèche l’extrême droite qui s’en fait l’ultime béquille.

Le vrai ni-ni c’est de porter nos propositions, d’organiser dans un front le plus large possible le rapport de force pour renverser le capitalisme et battre en brèche l’extrême droite qui s’en fait l’ultime béquille.

La question est simple et ne mérite pas d’invectives ou de caricatures. L’accession de l’extrême droite française au pouvoir, avec entre ses mains l’état d’urgence, la Police, l’armée, les institutions, nous permettra-t-elle de mener les luttes avec la force et l’ampleur que la période exige ? Je ne le crois pas. Les choses ne seront pas faciles non plus si Emmanuel Macron devait l’emporter mais ce n’est évidemment pas comparable.

Je prends l’engagement de créer avec mes camarades toutes les conditions nécessaires, à notre échelle, pour ne laisser aucune minute de répit à Macron dès le 8 mai.

Je prends l’engagement de créer avec mes camarades toutes les conditions nécessaires, à notre échelle, pour ne laisser aucune minute de répit à Macron dès le 8 mai. Car cette élection se jouera bien en 3 tours et avec toutes celles et ceux qui ont intérêt à la résistance, à la lutte et au changement, nous en serons les artisans. Les élections législatives en seront un outil lorsque l’on sait que dans 212 circonscriptions, dans le rassemblement nous pouvons mettre en échec  Macron et le FN et la droite.

Il nous reste encore du temps avant le 7 mai et d’ici là nous nous reverrons très certainement dans la rue, à commencer par le 1er mai ou nous lançons un appel à tous les jeunes afin qu’ils y participent en nombre.

Nous n’avons pas choisi d’être du camp de ceux qui luttent en pensant que ce serait facile ou pour nos intérêts personnels. Ce sont nos conditions, notre vécu et la nécessité qui nous y a emmenés. Ces raisons sont plus fortes que jamais et ce sont elles qui nous guident. Soyons dignes de nous en ne baissant jamais ni les bras, ni la tête.


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