Russie 2018 : Hooliganisme et nationalisme

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Russie 2018 : Hooliganisme et nationalisme

A 70 jours de l’ouverture de la Coupe du Monde en Russie, la violence de groupe des  hooligans Russes à Bilbao et à Lyon lors de la Coupe d’Europe a de nouveau braqué les projecteurs sur ces supporters ultras-violents venant d’Europe de L’Est dont les liens avec l’extrême droite sont nombreux.

Qui sont ces hooligans Russes ?

A l’inverse du hooliganisme Anglais ou Hollandais qui est un phénomène ancien (années 70)  le hooliganisme en Europe de l’Est est apparu au milieu des années 90 après la chute du bloc Soviétique.  Alors qu’en Angleterre cela concernait essentiellement les milieux populaires où il y avait une réelle culture du supportérisme, quitte à user de violence contre d’autres groupes de supporters après avoir bu en abondance, ce n’est pas le cas des hooligans venus d’Europe de L’Est.

La plupart des hooligans Russes ont entre 20 et 30 ans sont bien insérés dans la vie professionnelle et ne sont pas issus de classes populaires.

Pire, Ce n’est pas la passion du Foot qui les pousse à s’affronter car ils considèrent le hooliganisme comme un sport à part entière permettant de mesurer la force physique et démontrer ainsi la supériorité de son groupe par rapport à un autre. Ils s’entraînent plusieurs fois par semaine en pratiquant de nombreux sports de combat et sont très organisés selon une discipline quasi militaire. En juin 2016 à Marseille en marge du match Angleterre- Russie dans le cadre de l’Euro,  de violents affrontements ont éclatés entre hooligans Anglais et Russes (plus d’une centaine d’Anglais ont été blessés). Les hooligans Russes développant une véritable stratégie d’agression et agissent sous la forme de commandos.

Un hooligan Russe suite aux affrontements à Marseille déclarait : Nous sommes jeunes nous ne buvons pas ne nous droguons pas et faisons de l’exercice plusieurs fois par semaines alors que ces derniers boivent beaucoup ne font pas d’exercice et ne sont pas organisés.”

Une des illustrations de cette vision est l’existence d’un Championnat parallèle à la Première Ligue Russe,  un championnat de Fight où les groupes de supporters violents se retrouvent dans les Bois pour en découdre à 15 contre 15.

Lien avec l’extrême Droite nationaliste

Le plus souvent ces groupes de supporters servent de faire valoir à des groupes d’extrême droite d’Europe de l’Est. Suite aux affrontements de Marseille le député Russe ultra nationaliste  Jirinovski déclarait que cela avait “prouvé la supériorité de la race Slave face à la décadence de la société Occidentale et son modèle d’assimilation multiculturel” et qu’il félicitait les supporters Russes d’avoir fait mordre la poussière aux supporters Anglais.

Poutine déclarait lui même ne pas comprendre comment les autorités Françaises ont pu être débordé par 200 supporters Russes. Ce même Poutine qui, dans sa restauration de la grandeur de la Russie n’hésite pas à s’appuyer sur des groupuscules réactionnaires pour faire taire toute opposition  c’est le cas de Alexander Chpriguine chef des hooligans Russes qui ont défèrlés à Marseille. Prôche du Kremlin,t il est responsable du groupe ultra orthodoxe des 40 clochers qui a pour fonction de défendre l’identité Russe et l’orthodoxie. Ce groupe composé par bon nombre de hooligans du CSKA n’hésite pas à donner du poing face aux collectifs moscovites  qui dénoncent la construction en masse d’Églises Orthodoxes en lieu et place de logements sociaux et ou de parcs publics. Ces derniers bénéficient d’une impunité de la justice Russe.

Lors de la crise Ukrainienne bon nombre de groupes de supporters ont également joué un rôle majeur notamment les supporters du Dynamo Kiev et du Karpaty Lviv qui combattaient aux côtés de forces nationalistes et néonazis (sbovoda/Secteur Droit) sur la place Maidan. Les hooligans du Karpaty Lviv ont également joué un triste  rôle dans l’incendie de la maison des syndicats à Odessa profitant d’un match de championnat contre le Tchermomets d’Odessa et se sont joints à la milice néo-nazis Secteur Droit pour attaquer la maison des syndicats où s’étaient réfugiés des syndicalistes des progressistes des communistes et des pro Russes pour y fêter la Fête du Travail. 42 personnes vont être brûlé vifs sous le regard impassible des forces de polices locales.

Difficile de parler du Hooliganisme des pays de l’est sans parler de l’éclatement de la Yougoslavie. Lors de l’éclatement du bloc Yougoslave la sécurité d’Etat Serbe va “passer un pacte” avec les leaders des groupes de hooligans Serbes des clubs du Partisan et de l’Etoile Rouge pour contrôler la jeunesse dans les stades et les rallier à la cause nationaliste.  Ainsi le 13 Mai 1990 à l’occasion d’un match de championnat Yougoslave entre l’Etoile Rouge de Belgrade et le Dynamo de Zagreb dans un contexte de tensions nationalistes 3000 “braves” un groupe de supporters de l’Etoile Rouge instrumentalisé par Milosevic attaquent les supporters Croates (près de 200 blessés) ce match constitue symboliquement le début de la guerre de Croatie.

Ces Hooligans vont également être enrôlés dans des milices paramilitaires Serbes  durant la guerre de Croatie et de Bosnie pour faire le sale boulot que l’armée Serbe ne peut effectuer. L’exemple le plus célèbre étant la milice des Tigres, dirigée par Arkan, qui était le chef du groupes de supporters des braves de l’Etoile Rouge de Belgrade et qui est impliqué dans de nombreux crimes de guerre commis durant la guerre de Yougoslavie.  Il ne fut d’ailleurs jamais inquiété par la Justice Serbe. Aujourd’hui cette connexion existe toujours entre l’Etat Serbe et les groupes de Hooligans qui soutiennent l’Etat nationaliste. En contrepartie l’Etat ferme les yeux sur les pratiques criminelles des leaders de groupe de hooligans.

Pour exemple en Septembre 2009 le jeune Brice Taton un supporter Toulousain de 28 ans était poignardé à mort par des ultras du Partizan. Les coupables ayant été arrêtés ont étés condamnés à des peines dérisoires de 4 ans de prison.

Les autorités Russes ou la politique du double discours

Une des questions qui plâne au dessus de cette édition russe du mondial est celle de l’attitude de Poutine et de l’Etat. Forcé de faire bonne figure devant les caméras du monde entier, le pouvoir russe se retrouvera coincé dans ses contradictions.

En  2012 la Russie a voté un Loi renforçant les sanctions contre les Hooligans qui risquent désormais jusqu’à 7 ans de prison. Néanmoins cette loi n’a pas fait diminuer le nombre d’actes violents entre Hooligans en Russie et qui au vu de la lourdeur des sanctions encourues préfèrent s’affronter à l’écart des stades et des centres villes dans des zones plus reculées.

Nul doute que l’administration Poutine va exercer une grande pression sur les hooligans Russes (mesures de rétorsion à l’appui) : interdiction de stades, emprisonnement préventives et même user d’un droit de répression  pour que ces derniers se tiennent à carreau durant toute la compétition. Mais qu’en sera t’il une fois la Coupe du Monde terminée…

De quoi soulever de nombreuses questions notamment sur les critères d’attributions de la Coupe du monde auprès de la Fifa. Il est également difficile d’envisager à quel point les supporters du monde entier feront le déplacement au vu du climat… Espérons en tout cas que le sport reste le grand vainqueur de cette séquence.


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