Victor Wembanyama, de la banlieue parisienne aux lumières de la NBA

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Victor Wembanyama, de la banlieue parisienne aux lumières de la NBA

C’est historique ! Le 22 juin 2023, Victor Wembanyama est devenu le premier français de l’histoire à être sélectionné en première position de la Draft NBA. Le natif de Chesnay s’envole en direction du Texas pour rejoindre les San Antonio Spurs, un club qui entretient un lien particulier avec la France, Tony Parker y ayant son maillot retiré après 17 saisons jouées pour quatre titres remportés.

Si le suspens était relatif, le jeune francilien se voyant promettre les premières places de la cuvée 2023 depuis près de quatre ans, l’émotion n’en était pas moins forte quand son nom retenti dans les travées du Barclays Center à Brooklyn.

Une dernière saison française réussie 

Au-delà de son potentiel, ses statistiques sur la saison de Betclic Elite avec les Métropolitains 92 ont séduit les recruteurs. 21,6 points, 10,4 rebonds, 2,4 passes décisives et 3 contres par match en moyenne. Une performance qui lui valu d’être récompensé du trophée de MVP (Most Valuable Player), de meilleur marqueur, meilleur contreur, meilleur défenseur et meilleur jeune de la saison.

Du haut de ses 2,24 mètres de hauteur et 2,43 mètres d’envergure, son style de jeu est ce qui émerveille le plus les experts. Tire à 3 points, appuis rapides, dribble redoutable, autant de compétences habituellement attribuées aux meneurs de jeu combinées avec un jeu au poste et à mi-distance très étoffé ainsi qu’un sens du rebond et de la défense aiguisé.

Victor incarne un nouveau « prototype » de joueur capable de jouer virtuellement à n’importe quelle position. Pour le principal intéressé, le physique n’est qu’un détail et ce n’est que par le travail assidu qu’il a pu atteindre ce niveau.

La plus grosse interrogation le concernant réside justement dans son physique. Fin et longiligne, le jeune joueur de 19 ans aura certainement besoin de prendre en muscle pour s’armer face à une NBA au jeu bien plus physique qu’en Europe. Comment cela impactera-t-il son jeu ? Sera-t-il à l’abri des blessures ? Combien de temps lui faudra-t-il pour s’adapter au rythme de la Grande Ligue ? Autant de questions dont nous ignorons aujourd’hui les réponses

Un parcours à l’image d’une politique sportive ambivalente

Issu d’une famille sportive, son père est sauteur en longueur et triple-sauteur et sa mère ainsi que ses grands-parents maternels sont liés au monde du basketball, Wemby s’intéresse dans un premier temps au football. Fan du gardien de la Mannschaft, Manuel Neuer, il jouera au poste de gardien de but pendant plusieurs années avant de se mettre au basket.

Il commencera par rejoindre l’Entente Le Chesnay Versailles 78 Basket avant d’arriver à 10 ans au club Nanterre 92 où il y restera de 2014 à 2021. En 2018, il gagne le championnat de France avec l’équipe U15 à la suite de quoi il est testé par le FC Barcelone. Il choisira cependant de rester fidèle à Nanterre dont il intégrera le centre de formation l’année suivante. En 2020-2021, Victor joue à la fois avec les espoirs de Nanterre et avec le Centre fédéral.

L’INSEP au cœur de son parcours

Le Centre fédéral ou CFBB (Centre Fédéral de Basket-Ball) est une équipe regroupant les joueurs et joueuses de l’Institut National du Sport, de l’Expertise et de la Performance, communément appelé INSEP.

Placé sous la tutelle du ministère des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques, l’INSEP participe à la politique nationale de développement des activités physiques et sportives en France dans le domaine du haut niveau. 

Né en 1975 de la fusion entre l’Institut national des sports, crée en 1945, d’une volonté de redynamiser la France et sa jeunesse, et l’École normale supérieure d’éducation physique, d’héritage militaire, chargée de former les enseignants du secondaire et les futurs cadres de la discipline.

Si la raison d’être de l’Institut reste le sport de haut niveau, il est animé d’enjeux participant du softpower comme le décrivait déjà en 1946 Maurice Bacquet. Le premier directeur de l’INS, dans une note au Général de Gaulle, démontrait que le sport allait devenir un enjeu idéologique majeur pour les grandes puissances.

Une politique locale ambitieuse 

À rebours de la politique nationale en matière de sport de haut niveau, Victor profita aussi de la politique sportive locale de la mairie de Nanterre.

La Charte d’orientations du sport signée en mars 2017 entre la ville et l’OMEPS (Office municipal de l’éducation physique et des sports), rédigé par quelque 350 mains, aussi bien actrices du mouvement sportif que celles de simple habitant, donnait pour objectif de faire du sport un moyen d’émancipation.

Au sein de ce projet, Patrick Jarry et son équipe municipale conçoivent le sport de haut niveau comme étant partie prenante d’une vision populaire du sport.

Le sport de haut niveau y est un moyen de démocratisation de la pratique sportive et des valeurs qui lui sont données, ce qui vient alimenter le sport, mais aussi l’ensemble de la société.

Comme le déclarait alors Pascal Donnadieu, entraîneur de Nanterre 92 : 

« À travers mes 46 ans passés à la JSF Nanterre (devenue Nanterre 92), j’ai pu constater que le sport de haut niveau pouvait apporter énormément au sport pour tous, mais l’inverse est également vrai. […] Les Nanterriens se sentent investis à nos côtés. Ceci est dû, de mon point de vue, au fait que les dirigeants, le staff et les joueurs véhiculent, au quotidien, les valeurs universelles du sport, complétées par les valeurs historiques de la JSF Nanterre : l’humilité, le respect, la solidarité et le travail. ».

Avant le décollage 

Après avoir quitté Nanterre 92 en 2021, Victor passe une saison avec l’ASVEL où il y sera sacré Champion de France. Une saison qui lui permit de découvrir l’Euroleague, summum du basket européen, généralement considéré comme la deuxième plus grande ligue derrière la NBA. 

Frustré, par un coaching qu’il considère trop rigide, il part faire une dernière année aux Metropolitans 92, une équipe fraîchement créée et installée à Levallois-Perret, avant d’inscrire son nom à la Draft. 

Là-bas, il retrouve Vincent Collet, sélectionneur de l’Équipe de France.

Que nous réserve la suite de l’histoire de Victor Wembanyama ? Très certainement de grandes choses ! Avec une participation déjà annoncée aux JO de Paris 2024 et une équipe des Spurs réputée outre-atlantique pour son académie de jeu et son développement de talent, il n’est pas exagéré de dire que les attentes et l’excitation autour de la carrière de Wemby sont énormes.


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