Sur la LGV, EELV et LFI rejoignent la majorité présidentielle

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Sur la LGV, EELV et LFI rejoignent la majorité présidentielle

Propos recueillis par Emma Save

En cette rentrée marquée par l’annonce d’un budget qualifié de « mortifère », cinq députés LFI et EELV de Haute-Garonne demandent la suspension des travaux préparatoires de la LGV Toulouse-Bordeaux. À Toulouse, des militants écologistes ont même pénétré sur les voies, perturbant le travail des cheminots et mettant en danger les usagers. Face aux intox et aux blocages, l’Avant-Garde a interrogé Jérôme Monamy, cheminot et élu régional communiste d’Occitanie.


« La LGV, c’est le droit à la mobilité »

Qu’est-ce que le projet de la LGV ?

Le programme TGV remonte aux années 1970, avec les premiers tests d’un TGV à turbine à gaz, avant le passage à l’électricité. C’était alors une révolution technologique, portée par la SNCF, Alstom et EDF.

Mais l’enjeu n’était pas seulement technique : il s’agissait de bâtir une politique de maillage du territoire et de garantir le droit à la mobilité pour toutes et tous. Or, Toulouse reste aujourd’hui la seule grande métropole non reliée au réseau à grande vitesse, alors qu’elle s’apprête à devenir la 3ᵉ ville de France.

« Le projet LGV doit relier Toulouse à Bordeaux et à Narbonne, mais aussi ouvrir sur Paris et l’Espagne. C’est un enjeu européen : développer la grande vitesse, permettre de se passer de l’avion et de la voiture. »


« Un projet écologique et industriel »

La LGV a-t-elle un intérêt socio-écologique ?

Pour Jérôme Monamy, la réponse est claire :

« Un TGV transporte 1 200 personnes contre 200 pour un avion. Doit-on faire décoller six avions ou faire rouler un train ? »

Il rappelle que le projet ne concerne pas seulement les voyageurs mais aussi le fret ferroviaire, indispensable pour réduire le poids du transport routier et désaturer les lignes autour de Toulouse.

Pour lui, la LGV s’inscrit dans une logique plus large :

  • décarboner les transports grâce au nucléaire et à la planification,
  • soutenir la réindustrialisation et la création de richesses,
  • renforcer la démocratie dans les choix économiques.

L’augmentation possible des prix de l’immobilier, elle, « peut s’encadrer ».


« Un chantier ralenti par le désengagement de l’État »

Où en est le projet ?

Le Grand Projet ferroviaire du Sud-Ouest (GPSO) est découpé en trois phases (sud Bordeaux, nord Toulouse et Toulouse-Bordeaux). Les travaux sont engagés, mais accusent un retard considérable : la LGV devait ouvrir en 2020.

Les critiques des députés EELV et LFI, qui affirment que le projet n’aurait pas de financement européen, sont balayées par Jérôme Monamy :

« C’est faux. Le projet s’inscrit bien dans le plan européen 2021-2027, et bientôt 2028-2035. »

Pour lui, le problème vient surtout du financement :

  • En Espagne, les LGV sont financées à 60 % par l’Europe ;
  • Toulouse-Bordeaux ne l’est qu’à 20 %.

Le reste repose sur l’État et les collectivités, ce que dénonce l’élu communiste :

« C’est à l’État et à l’Europe de porter ce type de planification, pas aux collectivités qu’on met sous pression. »


« Deux visions s’opposent »

Pour Jérôme Monamy, la ligne de fracture est claire :

  • Les écologistes et LFI, qui prônent la décroissance et veulent « revenir à la diligence »,
  • Les communistes, qui défendent le développement des infrastructures publiques et une SNCF redevenue service public, avec des tarifs accessibles.

« On ne sauvera pas trois platanes en laissant pourrir les Pyrénées. Le vrai enjeu, c’est de planifier des transports écologiques et accessibles, mais aussi de rapprocher les services publics — santé, université — des habitants. »


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