Dans le contexte de réarmement généralisé, de relocalisation de l’économie et de tensions accrues avec la Chine, les États-Unis ne renoncent pas à leurs velléités impérialistes en Amérique latine. Alors que sous le mandat d’Obama, John Kerry avait déclaré que « l’ère de la doctrine Monroe est révolue », le président Trump – peu après sa première investiture en août 2017 – avait affirmé sa volonté de réactiver cette doctrine, évoquant alors une possible intervention au Venezuela.
Trump n’a pas changé de cap, bien au contraire. Dès le début de son second mandat, il a durci sa position en menaçant le Panama et en contestant les coûts imposés aux navires américains pour l’usage du canal.
Le canal de Panama, enjeu stratégique face à la Chine
Le canal de Panama, qui voit transiter chaque année près de 5 % du commerce mondial, a pour principaux usagers les États-Unis et la Chine. En 2025, irrités par une présence chinoise accrue, Washington a obtenu du Panama qu’il se retire de l’initiative des Nouvelles routes de la soie. Dans la foulée, un accord militaire a été conclu : il autorise des troupes américaines à utiliser plusieurs installations stratégiques du pays pour des déploiements dits « rotatifs ».
Ces décisions marquent le retour visible de l’armée américaine dans la zone du canal, au nom de la lutte contre l’influence chinoise. Elles traduisent une reprise en main de la région par les États-Unis, qui n’hésitent pas à exercer leur pression diplomatique et militaire pour défendre leurs intérêts.
Cuba et Venezuela, cibles privilégiées
Parallèlement, l’administration Trump a une nouvelle fois renforcé l’embargo criminel qui pèse depuis plusieurs décennies sur Cuba. À partir de 2019, Trump a engagé une politique de « pression maximale » : rien qu’entre mars 2024 et février 2025, cette stratégie aurait infligé des dommages estimés à 7,5 milliards de dollars. Dès le début de son second mandat, il a également réinscrit Cuba sur la liste des États soutenant le terrorisme. Pour Trump et son secrétaire d’État Marco Rubio, l’objectif affiché reste un changement de régime.
Avec fracas, les États-Unis ont aussi relancé une offensive contre le Venezuela. Depuis plus de vingt ans, Washington convoite ce territoire et ses immenses ressources pétrolières. De multiples manœuvres de déstabilisation ont eu lieu : financement de coups d’État, sanctions économiques illégales au regard du droit international, et pas moins de 930 mesures prises entre 2015 et 2023 contre le gouvernement, l’industrie pétrolière et le commerce extérieur. Ces dernières semaines, la tension est montée d’un cran avec la présence de navires de guerre près de Caracas et l’abattage de bateaux vénézuéliens au large des côtes américaines.
On pourrait encore citer d’autres exemples – comme le blocus du Nicaragua – qui illustrent l’ingérence constante des États-Unis dans la région. Mais face à ces agressions, les voix de la résistance existent : celles des communistes à travers le monde, mais aussi celles d’instances régionales comme la CELAC, la Communauté des États latino-américains et caribéens, forte de 33 pays membres, qui s’est à nouveau exprimée le 22 septembre en faveur d’une réponse commune aux violences états-uniennes et à la doctrine Monroe.