Sahara Occidental : la dernière colonie d’Afrique rêve d’indépendance

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L’Espagne colonise le Sahara Occidental dès 1884 et de nombreuses tribus nomades y ont vécu pendant des générations. Vers les années 50, les territoires sahraouis laissent place à la modernité avec une importante sédentarité du peuple.

Il y a encore quelques années, on pouvait apercevoir le mur de la honte marocain depuis les territoires libérés. La rupture du cessez-le-feu entre le Front Polisario et le royaume marocain en 2020 a rendu la zone inaccessible aux journalistes et militants internationaux. Question de sécurité : des petits groupes de combattants sahraouis mènent des opérations de combat contre le mur frontière ultra-militarisé qui les sépare du Sahara occupé.

À quelques kilomètres à l’est, les dizaines de milliers de réfugiés sahraouis accueillis par l’Algérie rêvent de retour. Les larges tentes nomades des années 1980 ont peu à peu laissé place aux constructions de parpaings ; les guérilleros se sont mués en administrateurs. C’est le tour de force du Front Polisario : avoir transformé les tribus sahraouies en exil en nation unie dans la lutte contre l’occupation.

Dans les camps, on manque de tout : les familles qui n’ont pas pu envoyer les fils, époux et pères travailler en Europe de l’Ouest survivent des aides humanitaires internationales redistribuées par le Front. Dans ce bout de désert, aucune oasis ou ressources ne permettent une quelconque activité agricole ou d’élevage. On y échange des produits du quotidien importés de Tindouf contre des dinars algériens.

Pour les colonisés, le temps se fige dans l’attente du retour. De l’autre côté du mur de sable, il s’accélère au profit du Makhzen. Disparus, exilés, persécutés, les Sahraouis ne représentent plus qu’une minorité de la population des territoires occupés. Le pouvoir colonial repeuple la zone et sert le mythe nationaliste d’un grand Maroc étendu de la Méditerranée au nord de la Mauritanie, des côtes de l’Atlantique à l’ouest de l’Algérie. 

Au-delà de ce fantasme, l’exploitation des ressources sahraouies consolide l’emprise économique du royaume sur de nombreux pays du monde. L’Europe est la première destination des produits agricoles et piscicoles des territoires occupés.

Le piège se referme doucement sur le peuple sahraoui : le référendum d’autodétermination basé sur le recensement de 1973 promis par l’ONU n’adviendra pas. La reconnaissance par l’Espagne du Sahara Marocain et le retour du pays colon au sein de l’Union Africaine fragilise la position du Front Polisario dans la communauté internationale. Reste la guérilla contre le mur de sable et l’espoir que les peuples du monde se lèvent, en solidarité avec la dernière colonie du continent africain.


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