Léon Landini, dernier FTP-MOI, s’est éteint

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Léon Landini, dernier FTP-MOI, s’est éteint

La voix d’un combattant s’éteint, l’écho d’un camarade résonne à jamais. Léon Landini, dernier survivant des FTP-MOI, est mort ce dimanche 21 septembre, à 99 ans. Résistant, militant communiste, infatigable combattant pour la mémoire et pour l’avenir, il aura traversé un siècle de luttes sans jamais céder, sans jamais trahir les idéaux qui l’avaient porté dans sa jeunesse à s’engager dans la clandestinité face à l’occupant.

Récemment encore, la mairie de Saint-Raphaël (Var) a fait retirer la plaque qui célébrait sa mémoire et celle de sa famille, comme pour effacer un pan d’histoire. Un dernier affront aux héros, comme si la guerre contre le souvenir des résistants communistes devait se poursuivre jusque dans la pierre.

Résistant à 16 ans, torturé à 18, militant jusqu’à son dernier souffle

Né en 1926 au Muy, dans le Var, Léon Landini était le fils d’immigrés italiens qui avaient fui le fascisme de Mussolini. « Nous avons été élevés au lait rouge », confiait-il encore récemment à l’Humanité. Très tôt, il s’engage dans la lutte contre Vichy. À 14 ans, il colle avec son camarade Jean Carrara, jeune communiste assassiné par l’occupant en 1944, des étiquettes dénonçant le gouvernement collaborationniste de Pétain. Ces gestes d’enfant, dérisoires en apparence, étaient déjà ceux d’un Résistant. En 1942, il passe à l’action directe : sabotages, dynamitages, opérations clandestines. Il rejoint le Parti communiste français dans la clandestinité, puis les FTP-MOI, francs-tireurs issus de l’immigration, qui paieront cher leur engagement.

Arrêté une première fois en 1943, lui et son père sont torturés par l’Ovra, la Gestapo italienne. Miraculeusement, il parvient à s’évader en cours de déportation et gagne la Creuse, où il rejoint un maquis FTP.

En mai 1944, il retrouve son frère Roger à Lyon, où la répression est féroce. Il participe à des opérations de sabotage et d’attaques contre l’occupant. « Ici, l’espérance de vie est de trois mois », le prévient-on. Mais rien n’y fait : il reste. En juillet 1944, il est arrêté et tombe entre les mains des miliciens, puis de Klaus Barbie, le boucher de Lyon, assassin de Marc Bloch et de Jean Moulin. Torturé à coups de bottes, le nez cassé, les testicules écrasés, le crâne fracassé, Léon Landini ne parle pas. À 18 ans seulement, il endure l’horreur sans livrer un seul camarade. Le 24 août, il profite de la confusion de l’insurrection lyonnaise pour s’évader de la prison de Montluc, que beaucoup n’ont jamais quittée.

Après la Libération, Landini ne cessa jamais de lutter. Contre la guerre d’Algérie, contre l’impérialisme, contre l’oubli et la falsification. Marxiste-léniniste invétéré, il quitte le PCF de Robert Hue dans les années 1990 et cofonde en 2004 le Pôle de Renaissance communiste en France (PRCF), dont il restera président jusqu’à son dernier souffle.

Mémoire de la Résistance communiste

Il fut de tous les combats mémoriels : beaucoup redécouvrirent son visage à l’occasion de la panthéonisation de Missak et Mélinée Manouchian, premiers résistants communistes à accéder au plus haut lieu de la mémoire nationale et républicaine, alors qu’il n’était initialement même pas invité. Déterminé à honorer ses camarades tombés au combat, il fit plier l’Élysée pour pouvoir entrer dans la cérémonie avec le drapeau de son bataillon Carmagnole-Liberté. Jusqu’au bout, il se battit pour que l’Affiche rouge reste vivante dans le cœur des jeunes générations et pour que la mémoire des résistants communistes ne soit jamais effacée.

Son attachement à la vérité historique et à la mémoire de ses camarades tombés était inébranlable. Pour lui, le combat ne se limitait pas au passé : il concernait aussi le présent et l’avenir. À Saint-Raphaël, il revendiquait encore récemment la réinstallation de la plaque dédiée à son frère Roger – résistant et dirigeant de la MOI en Rhône-Alpes – et à sa famille, retirée par la mairie. À chaque atteinte de ce genre, il répondait avec la dignité d’un homme qui n’avait jamais courbé l’échine devant les lâches.

Officier de la Légion d’honneur, Médaillé de la Résistance, Interné de la Résistance, Grand mutilé de guerre suite aux tortures subies lors de son arrestation, décoré par le gouvernement soviétique au titre de la Résistance, Léon Landini fut un exemple vivant de courage et de fidélité.

Le 6 juin 2024, à l’occasion du 80ᵉ anniversaire du Débarquement, il adressait un dernier message à la jeunesse de France : « Plus que jamais, jeunes Français, engagez-vous pour la VIE, il est minuit moins une ! » Avec son témoignage, celui du dernier résistant communiste et étranger, c’est l’une des dernières digues qui retenaient la bête immonde qui tombe à son tour. Léon Landini s’en va, mais son exemple demeure. Nous poursuivrons ton chemin, quel qu’en soit le prix.

Au nom de toute la rédaction de notre journal : merci camarade.

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